Ne vous méprenez pas. Le Seigneur des mouches n’est pas un conte pour enfants et adultes ordinaires. Ce livre n’est pas non plus réservé à ceux pour qui la vraie vie se déroule dans les rêves. L’histoire se passe « quelque part sur la Terre » et questionne l’état du monde actuel mais aussi l’ancien. A travers le personnage du Seigneur des mouches, ami des « enfants-étoiles », causeur à la fois attachant et antipathique mais surtout inventeur des nuisibles, ces créatures pouvant mener la vie dure aux humains, Jackson Thelemaque plonge le lecteur dans un imaginaire singulier. C’est-à-dire, faits de croyances autres, oubliées ou minorées. Cet imaginaire dans lequel les enfants « ont le pouvoir de voyager » et de discuter avec celui qui y règne en maître sans crainte d’aucune frontières, il est à l’image du monde réel, – qu’on peut considérer comme étant celui des humains – en danger permanent malgré l’harmonie qui s’y reflète.
Est-ce la raison pour laquelle le Seigneur des mouches demande aux enfants de délivrer ce message à leurs parents ?
« Mes chers petits chenapans, nous sommes ici rassemblés car, selon moi, vous seuls avez le pouvoir de convaincre vos parents. Dites-leur que nous nous sommes rencontrés dans un bel espace-temps et que le message est très simple : il faut savoir changer pour rester. »

Le conte fait en effet un sort particulier à la question écologique et à la nature. Il nous pousse à repenser le rôle et la place des humains sur la Terre mais surtout à revenir en soi-même, dans un autre temps ou une autre conscience. Après tout, la survie du monde compte… non ?
Les nuisibles, que sont les mouches, cafards, moustiques et autres bestioles créés par le Seigneur des mouches servent de prétexte au narrateur pour plonger le lecteur dans le fond de ce problème planétaire actuellement débattu à outrance. Oui l’écologie est aujourd’hui un combat à prendre au sérieux mais encore faut-il choisir les bonnes armes pour pouvoir s’y confronter. Pour le Seigneur des mouches, la cause écologique n’est pas seulement affaire de changement de comportement vis-à-vis de la nature, elle est aussi liée à l’intime, à l’imaginaire et au mystère de chaque être, de chaque peuple. Voilà pourquoi, elle apparaît comme une cause essentielle.

Dans cette fiction aux allures de fable, on ne peut s’empêcher de grimacer face aux clins d’oeil faits par le narrateur sur la situation des sociétés actuelles : réchauffement climatique, migration réprimée par la mise en place de frontières, pollution visuelle et atmosphérique… Dans cet « autre ciel », les enfants semblent représenter la force d’une nature généreuse, à préserver. C’est parce qu’ils sont doués d’une autre forme d’intelligence qu’ils peuvent passer d’un monde à l’autre, servir de relais et croire en la beauté d’un espace imaginaire, encore à découvrir.
YB.
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